Gabrielle est indéniablement une demoiselle possédant du charisme. La beauté étant quelque chose de subjectif, elle préfère ne pas essayer de la figer dans des définitions exhaustives inutiles et restrictives. Elle sait qu’elle possède certains charmes et aime en jouer mais n’est pas délurée pour autant.
Cependant, reprenons les choses à leur commencement. Cette shinigami d’une petite vingtaine d’années d’apparence a un physique trahissant ses origines européennes. Elle ne mesure qu’un mètre soixante mais apprécie pleinement de cette taille lui permettant toutes les excentricités quant à ses chaussures, lui permettant de ne jamais dépasser les hommes de son entourage. Ce même trait de son physique lui est fort utile lors de ses combats, lui offrant la possibilité de se mouvoir très facilement et de prendre de court ses adversaires habitués à combattre des individus plus grands.
Assez élancée, dotée d’une taille marquée, d’attaches fines et de membres sculpturaux, elle jouit d’une grande souplesse aiguisée par ses connaissances des arts martiaux. Sa peau est d’un beige très clair, papier de soie parsemé ici et là de quelques grains de beauté. Ses épaules et son coup fin lui offre un port altier et noble, l’imprégnant d’un doux parfum d’élégance.
Son visage se dessine dans un ovale délicat, son grand regard félin captivants toujours l’attention en premier. Elle possède effectivement des yeux verrons dont la nuance des reflets varient selon les jours et ses émotions, ils sont d’une intensité profonde, parfois mutins, témoignant souvent malgré elle de ses émois. L’œil droit est d’un marron noisette délicat, le centre tirant légèrement dans les teintes vertes. Le gauche, quant à lui, est d’un vert très riche, aux éclats subtils rappelant un épais feuillage. Elle possède un nez droit suivant l’harmonie de ses traits, surplombant des lèvres rosées dessinées avec bienveillance par la nature, telles des pétales de roses déposées là en attendant d’être cueillies.
Sa chevelure châtain clair est longue et assez raide. Elle glisse jusqu’au creux de sa taille et subit jour après jour toutes les fantaisies de la demoiselle qui adore adopter des styles différents suivant ses humeurs. Parfois attachés en haute queue de cheval, parfois emprisonnés en de complexes chignons agrémentés de décorations, Gabrielle ne les détache que rarement.
La shinigami fait très attention à son apparence, car elle eut l’habitude d’évoluer dans un univers où le masque que l’on porte est également le bourreau par lequel l’on est jugé. Cependant, suivant son éternelle habitude de détourner les contraintes à son avantage, elle aime par-dessus tout réinventer les styles, pour parfois s’adapter à son environnement, ou, à l’opposé, s’en démarquer avec amusement. Son style vestimentaire est à l’image de son caractère : multi facette.
Lors de ses heures de travail, elle arbore avec une grande fierté son uniforme de shinigami mais apprécie le personnaliser en retravaillant ces épais bouts de tissus noir et blanc qu’elle trouve assez peu gracieux. Dans son temps libre, elle se permet des fantaisies avec amusement et élégance, même si elle peut être parfois assez court vêtue. Etant une européenne d’origine, et ayant, par ce fait, toujours conservé une certaine nostalgie de son continent d’origine, elle n’a pu, au court du temps, s’empêcher de suivre l’évolution des modes faisant fureur sur Terre. C’est cela même qu’elle apprécie particulièrement les missions dans le monde humains car elles lui permettent de pleinement extérioriser son coté extravagant sans craindre quelque jugement que se fut.
(mental à suivre)
Pour les personnages inventésChapitre 1 : mort et renaissance…
[i]
Il pleuvait aussi, ce jour là ...Les gouttes d'eau glacées martelaient le sol en trombes serrées, tel des bataillons de soldats célestes, cruel et sans failles. Ils barraient la vue de l'horizon comme coupant toute échappatoire. Ils s'effondraient avec violence sur le paysage, secouant les arbres et autres plantes, écrasant sous leur piétinement incessant l'herbe pâle et dense du parc, trempant le marbre froid des marches et collant sa robes et ses cheveux à sa peau devenue plus blanche que la lune de peur ...
Elle courait à en perdre halène, se jetant sur l'escalier interminable où le bruit du choc de ses pieds nus sur la pierre se perdait dans le grondement sourd de l’averse. Elle fuyait de toutes ses forces, presque aveuglée par l'eau du ciel et par ses larmes, oubliant la douleur lancinante de ses membres ensanglantés, remplacé alors par la peur panique et l'envie de vivre. Sentiments dérisoires ... Elle savait pertinemment que se sauver ne savait à rien.
Après l'escalier il y aurait le parc, étendue désespérément exposée aux regards, ensuite la forêt, lieu de prédilection d'un prédateurs qui cachait à l'ombre de ses arbres sombres dieu seul savait quel démon, et enfin les hauts murs qui bordaient la propriété, infranchissable, surtout pour une fille comme elle ! L'ironie du sort avait voulu que même si elle parvenait jusqu'à là bas elle ne puisse pas s’échapper, les barrières de brique sensés protéger les résidents devenant d'un seul coup les barreaux de la cage qui scellaient leurs destin ... Mais dans une situation aussi désespérée que celle ci, le cerveau humain savait se mettre en arrêt, reléguant sa place à l'instinct le plus primitif qui soit, l'instinct de survie.
Mais hélas le corps ne disposait pas forcément de la puissance de cette détermination animale et salvatrice ... Elle s'était déjà bien battue, pour une jeune fille qui n'avait connu jusqu'alors que bal et tissu de soie ... Elle finit par trébucher dans le bas le l’escalier, roulant jusqu'au sol de dalles claires. Elle resta quelques secondes à terre, étendue, le souffle court. Mais les cognements effrénés de son cœur paniqué le maintinrent éveillée. Malgré les troubles visuels entraînés par la chute, elle essaya de se relever, suppliant de toute son âme ce maudit corps de chair bien trop fragile qui refusant obstinément de la porter. Avait-il déjà abandonné, sachant que tout était déjà perdu ?
La jeune fille persévéra tout de même, forçant sur son organisme endoloris de toute sa volonté, pestant d'une voix basse et étouffées par les sanglots qui lui échappaient, malgré elle. D'un coup elle s’immobilisa, traversée par un frisson terrible qui remonta violemment le long de son échine, comme si on la lui arrachée.
Il était là, marchant d'un pas lent, comme un monstre carnassier jouant un peu avec sa proie blessée avant de l’achever. Pourquoi sa voix se perdait sous le bruit de la pluie qui ne cessait de tomber alors que ses pas raisonnaient si fort dans sa tête ? Aussi fort qu'un coup de marteau ... A chaque nouveau pas, le bruit de l'averse diminuait un peu, laissant bientôt solitaire, presque résonnant, ce bruit pesant et terrifiant, annonciateur de la fin de tout.
Et puis il s’arrêta, sûrement jusque à coté d'elle ... Elle fixa dans un premier temps l'horizon incertain perdu dans les larmes du ciel, refusant d'admettre l’évidence. C’était vraiment fini, plus rien ne la sauverais. Supplier, fuir ou pleurer n'y changeront rien ...
Que tout cela finisse ... vite ... prenant une dernière fois, en temps qu’humain, son courage à deux main, elle tourna la tête vers l'homme qui se tenait devant elle, la regardant sans rien dire. Son sourire, troublant, déroutant, était le même qu’au début de la soirée pourtant… Le liquide vital vermeil contrastait horriblement avec la pâleur de sa peau et de son kimono, son sabre serré dans sa main droite, maculé de sang lui aussi. Tant de vies volées sur son corps ... Et elle allait sans nul doute venir s’ajouter à ce triste et macabre palmarès…
Ils avaient été fous… fous et arrogants. Tout cela avait été un caprice inconscient de la part d’européens aisés avides d’aventures et de découvertes… mais méritaient ils pour autant un tel châtiment ?
Ils étaient venus depuis leur pays natal, la France étincelante du 18ème, pour bâtir une somptueuse demeure près d’un petit village japonais, nouvelle contrée à l’honneur dans les clubs d’intellectuels bien pensant…Ses parents faisaient partie de cette élite ne sachant comment tuer son ennuie, sans cesse à la recherche d’expériences plus trépidantes que les précédentes… Depuis son plus tendre âge, elle avait voyagé à travers l’Europe et bien d’autres pays, découvrant mille et un paysages extraordinaires. Mais les retours étaient à chaque fois plus difficiles, la routine reprenant ses droits un peu plus vite… Jusqu’à la découverte de cette culture encore mystérieuse… Une bouffée d’oxygène inespérée, une promesse d’une vie qu’une poignée de privilégiés seulement pourrait connaitre… Ils décidèrent alors de partir une nouvelle fois, accompagnés de quelques autres amis, s’établissant là bas pour une durée indéterminée.
Dès leur arrivée, ils auraient du comprendre leur erreur…
Les villageois les fuyaient pour la grande partie, les quelques leur adressant la parole ne le faisait que pour des raisons vénales… La peur et la colère se lisaient dans chacun des regards se portant sur eux, mêlées parfois à la haine et le dégout… Hélas, un homme se présenta un jour, souriant et engageant, se présentant comme un passionné de la culture européenne. Bien évidemment, ils l’accueillirent à bras ouverts, faisant entrer sans le savoir le loup dans la bergerie… Et eux qui avaient la naïveté de croire qu’il était la preuve vivante qu’ils finiraient par être acceptés de tous…
Si seulement ils avaient su…
Cette nuit, ils avaient organisé une fête en son honneur, pour son anniversaire. Le champagne avait coulé à flots, les rires avaient fusé et une douce musique s’était élevée jusqu’à dans le parc… Jusqu’à ce que surgissent des samouraïs, armes brandies, hurlant qu’il était l’heure pour eux de payer cette insulte qu’ils leur infligeaient en demeurer sur leurs terres. Les sabres avaient fendus l’air, la musique s’était tue, faisant place à des hurlements d’effroi et de douleur. Les flûtes de verre s’étaient brisées au sol, se mêlant au sang européen rependu en flot ininterrompu…
Les prémices de l’enfer…
Elle avait réussi à s’échapper du grand salon, blessée mais toujours vivante, courant aussi vite que ses jambes le lui permettaient… Mais à présent, elle ne pouvait même plus bouger…
Elle avait vu le sabre brandit au dessus d’elle, éclair morbide où se reflétait la lueur moribonde de la lune les surplombant. En son esprit mis au supplice, un tumulte dévorant faisait rage. La colère, le désespoir, la révolte, la culpabilité… La colère insondable contre ces brutes ayant dévasté sans une once d’humanité tout ce qui avait fait son monde, donnant la mort sans retenue, détruisant, souillant, brisant corps et meubles dans un aveuglement sanguinaire sans borne… Le désespoir face à la souffrance ineffable l’étreignant toute entière, aussi bien physique que psychique, la meurtrissant jusqu’au tréfonds de son être malmené… le désespoir face à l’issue inéluctable et imminente de son existence bien trio courte... La révolte, sourde, grondante, face à ce fait implacable, à l’incompréhension des peuples l’ayant mené à cette situation macabre, face à son incapacité de sauver les sien, d’arrêter cette folie… face à sa faiblesse et son incapacité à agir… Et la culpabilité… Car elle aurait du percevoir les prémisses de ce drame. Elle aurait du oser se dresser contre ces actes que les siens perpétraient sans se soucier de leurs hôtes asiatiques, usant chaque jour un peu plus leur patiente, ravivant le feu de leur rage alimentée par la misère dans laquelle ils vivaient, tellement différente de l’opulence qui était leurs…
Une certaine résignation naquit en elle alors que son bourreau poussait dans la nuit glaciale un ultime hurlement de fureur, abaissant son arme implacable alors qu’elle fermait les yeux, acceptant cette condamnation expiant son crime d’inconscience. Si elle devait être happée dans un néant de ténèbres, alors soit… Elle le méritait peut être… Mais à peine eut elle formulé cette pensée qu’une violente bouffée de contestation s’enflamma en elle, aussi brulante que la douleur provoquée par la lame s’enfonçant dans sa chair, coupant le fil de son existence prenant fin… Disparaitre n’était pas une possibilité acceptable pour elle. Elle avait peut être commis des erreurs, mais il demeurait indéniable que son potentiel n’en était encore à ses balbutiements. Elle venait à peine de commencer à exister par elle-même, son âme s’aiguisant au fur et à mesure des jours s’écoulant, la confrontant à de nouvelles situations la forçant à forger sa personnalité… Elle pouvait faire bien mieux que cela… Cela ne pouvait décemment pas finir ainsi, agenouillée, tête baissée, ses vêtements déchirés et tachés de sang, l’âme brisée…
Il devait forcément y avoir autre chose… Il le FALLAIT.
La jeune femme laissa échapper son dernier souffle, l’hémoglobine remplissant ses poumons et sa bouche, l’empêchant de respirer. Le guerrier retira sa lame, faisant se rependre une mer grenat sur les dalles blanches, comme happant par ce geste sa vie, l’extirpant hors de son enveloppe charnelle. Durant un instant, l’obscurité l’enveloppa entièrement, coupant ses 5 sens, lui donnant la terrifiante impression de se dissoudre dans le néant. Mais rapidement cette effrayante sensation laissa place à une souffrance incandescente, irradiant en son être qu’elle croyait éteint, lui offrant un nouveau et douloureux souffle. L’air se fraya un chemin chaotique dans sa trachée, comme un milliard de poignard s’enfonçant dans chacune des cellules qu’il rencontrait, comme pour les ramener aux sensations bassement réelles. Elle toussa, tomba à terre, tentant de rejeter cet oxygène étrangement lourd. Il lui paraissait suffoquer une nouvelle fois, sa respiration désordonnée ne faisant qu’accroitre sa panique, laissant son cœur dans une course folle effrénée. Elle devait reprendre le dessus…
Lentement, usant de toute sa concentration, la demoiselle essaya d’apaiser la panique l’enserrant, se focalisant sur le rythme de ses inspirations et de ses expirations. Progressivement, il lui parut s’apaiser, les successions se faisant peu à peu plus lentes et profondes, lui permettant de mieux pouvoir réfléchir. A bout de quelques instants, elle avait retrouvé un état de calme relatif salvateur, pouvant prêter attention aux éléments l’entourant encore. Toujours prostrée au sol, immobile, comme inclinée, elle tendit l’oreille, pouvant percevoir la voix des hommes ayant mis à sac son domaine. Pourtant, il était flagrant qu’ils ne lui prêtaient aucunement attention, allant et venant comme si elle était invisible… Dans sa mémoire, la sensation du coup de katana qui lui avait été donné ressurgit, la faisant frissonner. Avait-elle pu survivre à une telle attaque ? C’était inimaginable…
Doucement, prenant garde à ne pas attirer l’attention hypothétique des intrus se trouvant non loin, Gabrielle ouvrit les yeux, découvrant à nouveau son environnement. Sa vision, d’abord terriblement floue, s’aiguisa au bout de quelques secondes, lui offrant une scène des plus troublantes la laissant totalement interdite. Incrédule, elle ne pu s’empêcher de se re dresser, un léger vertige embrumant ses yeux, floutant le morbide tableau prenant place devant elle. Mais cette impression disparut rapidement, la laissant devant ce triste spectacle…
En effet, juste devant elle, le corps inerte avachi au sol, tête contre terre, elle pouvait se voir elle-même, sa faible silhouette égarée dans une sinistre marre de sang écarlate jurant avec la blancheur du sol… Serpentant vers elle, reflétant la faible luminosité nocturne, une chaîne s’étirait au sol, courant vers elle depuis son corps visiblement déserté de toute vie… mais ses maillons étaient brisés en son milieu, coupant la ligne métallique en deux, la seconde partie venant en sa direction. Elle en suivit le chemin, découvrant avec effroi que l’autre extrémité s’encrait directement dans sa poitrine, au niveau de son cœur. Quelle abomination ! Instinctivement elle eut un mouvement de recul, provoquant le tintement des mailles s’entrechoquant… Elle voulu saisir cette étrangeté dans sa main, quelque peu tremblante, ne parvenant pas à assimiler toutes ces évènements s’enchainant à un rythme effréné… Quand ses doigts entrèrent en contact avec le métal froid, elle sursauta, stupéfaite. Reprenant contenance, elle s’en saisit, la sous pesant, tirant légèrement dessus. Une sensation déplaisant l’envahit immédiatement, depuis le point d’accroche, la faisant cesser l’expérience dans l’instant. Qu’était ce donc que tout cela ? Et que devait-elle faire à présent ?
Elle balaya l’espace l’entourant, cherchant à trouver un élément qui déclencherait un quelconque début de réponse. Mais rien, mise à part son propre cadavre, ne l’interpella, au contraire… Elle ne pouvait assurément pas demeurer éternellement ainsi… La vision de ce qui fut son enveloppe corporelle faisait naitre en elle un profond malaise, lui donnant presque la nausée… Elle devait partir…
Il lui fallut encore quelques minutes après que cette évidence lui soit apparut à l’esprit pour parvenir à faire de nouveau obéir son corps. Il lui paraissait que ce qu’elle était à présent était fait de plomb, incapable de se mouvoir… mais finalement ses membres commencèrent à bouger de nouveau, malgré le fait qu’il lui paru être comme un nouveau né tentant de se tenir debout pour la première fois de son existence… Son équilibre fut dans un premier temps plus que précaire, la laissant désemparée face à sa fragilité évidente. Il lui semblait être terriblement grande brutalement, bien qu’il ne lui sembla pas avoir changé de taille. Après quelques pas hésitants, elle parvint à reprendre le dessus, évoluant avec plus d’aisance. Cependant où aller ? A chaque pas, elle s’éloignait un peu de ce qu’elle avait été, mais aussi de tout ce qu’elle connaissait. A présent qu’elle ne faisait plus partie du monde purement matériel, que devait-elle faire ? Elle n’aurait pas voulu disparaitre mais à présent qu’elle était là, elle ne savait plus quoi faire. Elle aurait pensé trouver autre chose et non pas demeurer en l’état, juste avec un bout de chaine brisée, à quelques mètres d’elle-même…
Mais il en était ainsi. La seule chose à faire était d’aller de l’avant… Ce qu’elle fit. Elle traversa la cours qui était à présent sa tombe, passant entre les immenses pans du portail délimitant la propriété pour ce qu’elle pensait être la dernière fois. Elle n’espérait ne jamais plus venir en ces lieux. Elle n’y appartenait déjà plus…
Les rues étaient désertes en cette heure plus qu’avancée de la nuit. Au fur et à mesure qu’elle traversé la ville endormie, les cris des assassins devenus pillards lui paraissaient plus confus et lointains, ne l’atteignant bientôt plus qu’en murmures s’égarant dans l’air glacé. D’un coup, l’obscurité sembla s’éclaircir dans son dos, comme une aurore soudaine. Interpellée, la demoiselle se retourna, portant son regard vers le lieu qu’elle venait de quitter qu’elle ne pouvait plus voir, dissimulé derrière les maisons qu’elle avait dépassé entre temps. Cependant, elle pu contempler le ciel embrasé et rougeoyant, une lourde fumée s’élevant dans le ciel obscure défiguré par les flammes incandescentes défiants les étoiles les surplombant. La cité des anges étaient en feu… Après avoir souillé, détruit et pillé la demeure, ils l’avaient incendié, sans autre forme de procès… Quelque part non loin, une cloche se mit à sonner, alertant les habitants du danger imminent. Le calme nocturne laissa place à une panique fébrile, des cris et des éclats de voix fusant de tout cotés alors que le foyer prenait plus d’ampleur à chaque seconde. Leur haine était donc tellement vaste qu’ils n’avaient pas hésité à mettre en danger leurs propres compatriotes pour détruire ce symbole de l’invasion européenne…
Si son âme avait voulu s’accrocher à quelques objets terrestre, cet acte extrême lui assurait de ne pas se laisser aller à une telle folie…A présent, plus rien ne la retenait ici bas….
Sans plus attendre, ne prêtant pas attention à la foule grouillante sortant de toutes les maisons, courant dans tous les sens, elle se retourna, reprenant sa marche sans but. Elle continua à s’éloigner, atteignant les bords de la ville, la végétation devenant bien plus présente. Sans réfléchir, elle continua à marcher droit devant elle, pénétrant dans l’épaisse foret centenaire qu’elle n’avait jamais pu auparavant découvrir, par peur des risques… mais à présent, cela n’était plus un problème…
« éh bien éh bien, quelle nuit ! »
La jeune femme releva la tête, surprise d’entendre une voix au milieu des arbres majestueux. Il était impossible que l’homme s’avançant vers elle se soit adressé à elle, c’était impensable… Elle s’arrêta, le fixant, les sourcils légèrement froncés. L’individu fit quelques pas en sa direction, la fixant, à sa grande surprise, mettant à mal sa conviction précédemment énoncé. Elle l’observa, ne sachant comment agir, son regard tombant jusqu’au sabre qu’il portait à sa taille, son fourreau à la couleur clair hurlant violemment avec la noirceur absolue des vêtements qu’il arborait. Un léger sourire se dessinait sur ses lèvres, une aura paisible émanant de lui. Il s’avança encore un peu vers elle, la faisant reculer quelque peu, s’arrêtant en constatant cette réaction.
« Cela a du être un moment difficile… mais n’ait pas peur, je suis là pour te faire passer de l’autre coté. Je ne pense pas que tu ais envie de demeurer ici, non ? »
Reprenant contenance, la demoiselle releva le menton, tentant de paraitre aussi assurée qu’elle le pouvait, toisant l’inconnu du regard.
« De l’autre coté ? De quoi parlez vous donc ? Qui êtes-vous ? »
L’homme le regarda longuement, comme intrigué, avant de reprendre la parole.
« Quel drôle d’accent tu as là… c’est la première fois que je fais traverser une européenne. Pourtant, tu es bien sur la liste, il n’y a pas de doute… Pour répondre à tes interrogations, je suis un shinigami, un dieu de la mort si tu préfères. Mon rôle est de permettre aux âmes des défunts de quitter le monde terrestre pour aller à la soul Society. »
« Et qu’est ce donc que cet endroit ? Le paradis… ou l’enfer ? »
« C’est une bonne question, demoiselle… un peu des deux surement. Mais se ne sont pas les enfers à proprement parlé, rassure toi. Et si nous y allions à présent ? Sans vouloir te vexer, j’ai beaucoup de travail… »
A ces mots il tira son sabre de son fourreau, marchant vers elle. Instinctivement, l’intéressée se raidit, une violence image de sa mise à mort lui revenant en tête. Elle fit quelques pas en arrière, se retrouvant hélas adossée à un arbre lui bloquant la fuite de son large tronc rugueux.
« N’approchez pas ! »
« Ne t’inquiète pas… je ne vais pas te porter de coup. Et se sera totalement indolore. Je vais juste t’apposer le sceau qui se trouve ici, regarde. »
Il lui montra l’extrémité du manche de son arme où elle pu voir un dessin ovale luisant faiblement dans la pénombre. Elle fit courir son regard perçant du symbole au ‘shinigami’, quelque peu interdite.
« Tu vois ? Bon, laisse toi faire, ça ne prendra qu’une poignée de secondes. »
Sans plus attendre, il parcouru la distance les séparant encore, levant son sabre, dirigeant le fameux sceau vers son front. La jeune femme ferma les yeux alors qu’il apposé la marque, sentant la pression froide du métal contre sa peau. Une douce chaleur l’envahit alors, imprégnant tout son être, l’enveloppant dans une impression de profonde quiétude. Elle se sentit happée, mais ne ressenti aucune peur à cette idée, comme instinctivement rassurée sur le phénomène auquel elle participait.
Bientôt cette sensation incroyable se dissipa, la laissant comme vidée. Non loin une voix quelque peu autoritaire retentit, hélant les ‘nouveaux arrivés’ à se diriger vers les files d’attente. La demoiselle rouvrit les yeux, battant les paupières, découvrant avec stupeur un environnement bien différent que la foret dans laquelle elle se trouvait encore quelques secondes auparavant. En effet elle se tenait maintenant dans une sorte de vaste place où se tenaient une quantité impressionnante de personnes, la plus part affichant le même air égaré qu’elle devait elle-même arborer… Quelques silhouettes noires se détachaient du lot, dirigeant les autres vers des bureaux se trouvant de l’autre coté du vaste espace de terre battue. D’autres shinigamis certainement…
« éh toi là, dépêche toi de rejoindre les autres ! »
Sans ménagement aucun, elle sentit une main se poser dans son dos, la poussant violemment en avant, la faisant tomber par terre. Elle se retourna vers le goujat au visage grossier la surplombant, lui jetant un regard assassin.
« Je vous prierai de ne plus poser ainsi la main sur moi, Monsieur ! Il y a des choses qu’il est déplacé de faire à une demoiselle ! »
« Ah oué ? Pour qui te prends, gamine ? Et d’où tu viens d’abord pour parler comme ça ? »
L’interpelée se releva avec autant d’élégance qu’elle le put, découvrant avec effroi qu’elle revêtait à présent un kimono blanc d’une simplicité extrême, comme tous les individus l’entourant. La chaine avait, quant à elle, disparut, à son grand soulagement… Elle dévisagea l’hurluberlu avec dédain, réajustant son inconfortable tenue.
« Je suis Gabrielle LaPointe, Monsieur. Et je viens de la rayonnante France, puisque vous le demandez. »
Une lueur de dégout traversa le regard du shinigami, alertant la demoiselle n’ayant que trop bien expérimenté les conséquences quelque peu déplaisantes que de tels sentiments pouvaient engendrer…
« Européenne, hein ? Qu’est ce que tu fous là alors ?»
« C’est vous-même qui m’avez fait venir. Mon nom était inscrit sur une ‘liste’. Je n’ai fait que suivre les instructions d’un de vos collègues. »
« tseu ! »
Il la fixa avec une haine non dissimulée bien trop familière, faisant courir un frisson le long de sa colonne vertébrale. Mais elle fit de son possible pour ne rien laisser paraitre, le toisant en rassemblant toute la fierté pouvant couler dans ses veines. Hélas l’individu vêtu de noir ne parut pas apprécier le fait qu’elle lui tienne tête, amplifiant encore sa colère.
« Sale garce ! Qu’est ce que tu regardes comme ça ? Pour qui tu te prends ?? »
Il fondit sur elle, saisissant le tissu de son vêtement avec force, la tirant vers lui.
« Qui que tu ais pu être sur terre, tu n’es plus rien à présent ! Alors va falloir apprendre à te faire oublier, gamine ! Disparait dans le rukongai et meurs-y ! »
«Je vous prierai de me lâcher sur le champs, espèce de goujat de bas étage ! Je refuse qu’un individu aussi étroit d’esprit que vous ne pose ne serait ce que ses mains sur moi ! »
« Garce ! »
Il leva sa main libre, s’apprêtant à l’abattre sur elle, la faisant fermer les yeux en prévision du choc qui promettait d’être violent. Intérieurement, une puissante onde de contestation s’embrasa en elle, lui donnant l’impression de se consumer. L’air l’entourant s’épaissit brusquement avant de produire une sorte d’explosion, lui arrachant un cri de surprise. Elle fut projetée à terre quelques mètres plus loin, rouvrant les yeux afin de voir ce qui venait de se produire. Le shinigami se tenait lui aussi au sol, visiblement stupéfait, le bras levé devant son visage portant trace d’une profonde blessure de laquelle du sang s’échappait. Autour d’eux, le silence s’était fait, les regards s’étant tous portés vers eux, alertés par le bruit.
« Qu’est ce que ? »
Plusieurs soldats avaient accourus, alertés par le bruit provoqué par l’incident. Gabrielle ne parvenait pas à détacher ses yeux de l’homme blessé se trouvant non loin, ne parvenant pas à comprendre ce qui venait de se passer. Des cris retentirent près d’elle, plusieurs individus vêtus de noir allant aider leur collègue à terre. Était-il possible qu’elle soit la responsable de cet incident ? Alors même qu’elle se posait cette question, un shinigami porta un regard quelque peu agressif dans sa direction, la faisant presque sursauter sous l’intensité du ressentiment qu’exprimaient ses yeux d’un marron tirant sur le noir. Il s’avança vers elle d’un pas lourd, lui donnant immédiatement l’envie de se relever pour faire face au risque imminent. Mais elle n’eut pas le temps d’agir, l’inconnu se trouvant déjà face à elle, empoignant le col de son kimono blanc en la tirant vers lui, la soulevant su sol. Il émanait de lui une aura écrasante lui coupant le souffle, comme si l’oxygène avait déserté les environs…. Elle eut l’impression que ses forces abandonnées, le sang lui collant violemment aux temps, l’empêchant d’entendre les mots que l’homme semblait lui hurler dessus au vue des mouvements difformes de ses lèvres. Progressivement, il lui paraissait glisser vers l’inconscience, l’atmosphère devenant irrespirable, ses paupières se fermant d’elles même…
« Mademoiselle, prenez garde ! »
Une voix, étrangement lointaine, retentit dans son esprit embrumé comme un murmure distant. Il lui paraissait connaitre cette voix… pourtant elle était certaine de ne jamais l’avoir entendue auparavant… Une violente douleur traversa sa tempe gauche, irradiant rapidement tout son crâne, suivi rapidement d’un autre pic de l’autre coté de sa tête… Le soldat lui avait décroché un coup de poing retentissant la projetant une nouvelle fois au sol, plus brutalement que précédemment. Ne pouvant plus lutter, elle perdit connaissance, le murmure inconnu disparaissant dans le néant de son inconscience….
Chapitre 2 : le Rukongai.
Elle aurait été incapable de dire combien de temps s’était écoulé depuis cet instant précis…. Au bout d’un moment lui ayant parut interminable, son esprit émergea de nouveau, submergé d’images et de sensations confuses. La douleur ceinturait toujours son crâne, ne l’aidant absolument pas à reprendre le fil des évènements passés. Tout cela lui paraissait tellement… sur réaliste… Avait-elle rêvé ?
« Et toi là ! Debout ! »
Visiblement pas… A u prix d’un effort qui lui paru sur humain, la demoiselle roula sur le coté, sentant avec effroi un sol des plus poussiéreux sous son corps endoloris… Quelle bande de malotrus infâmes… Ils l’avaient laissé à terre tout ce temps… Il lui fallut encore quelques instants pour réussir à ouvrir de nouveau les yeux, clignant à de nombreuses reprises les paupières pour chasser le voile flou lui obstruant la vue. Lentement, elle se redressa, sentant chaque muscle de son corps d’adolescente la tirailler avec violence. Elle n’était assurément pas habituée à de tel tourments, aussi bien psychologiquement que physiquement….
Son environnement avait incontestablement changé. La vaste place avait était remplacée par un quartier des plus délabrés, les maisons s’enchainant avec peine le long d’une route de terre battue trahissant l’étendue de la pauvreté régnant en ces lieux… C’était donc cela, le ‘Rukongai’… Face à elle, un homme à l’apparence maladive la toisait, croisant ses bras sur son kimono usé. Ravalant douloureusement sa salive, tiraillée par une soif dévorante, la demoiselle prit la parole d’un ton faussement détaché afin de cacher la panique qui commençait à gronder en elle à l’idée de devoir vivre dans un tel endroit.
« Permettez-moi de vous signaler que cette façon d’interpeller une demoiselle n’est résolument pas protocolaire… Où sommes nous donc ?»
« District 68, princesse ! Bienvenue en enfer. Maintenant bouge tes fesses de là avant qu’il ne t’arrive quelque chose… »
Une lueur des plus malsaines traversa son regard inexpressif, faisant naitre un frisson lui remontant le long de l’échine. Après plusieurs tentatives, elle parvint à se remettre debout, époussetant rapidement ses habits couverts de poussières sombres.
Décidément, la situation paraissait s’empirer à chaque instant… Elle glissa un regard vers son interlocuteur ne la lâchant pas des yeux, relevant la tête avant de commencer à s’éloigner de lui, la tête haute. Depuis les ruines tenant lieu de demeures aux habitants de ce quartier, la jeune femme pouvait percevoir des regards quelque peu hostiles à son passage, ne la rassurant en aucun cas. Au loin, le soleil commençait à se coucher, ensanglantant le ciel de ce monde lui semblant terriblement barbare… Qu’allait-elle donc devenir ?
Tout cela n’avait aucun sens… Elle continua à marcher sans savoir où aller. Son seul désir aurait été de quitter de lieux de misère mais il lui paraissait qu’il s’étendait à l’infini, succession tragique de taudis à l’équilibre aussi précaire que leurs propriétaires semblaient au bord de l’agonie. Elle ne pouvait décemment pas demeurer ici… Elle s’éloigna encore un peu, la nuit tombant rapidement sur ce gueto abandonné, les ténèbres envahissantes apportant une dimension encore plus détestable et effrayante à ces ruelles plus que malfamées. Il lui fallait trouver un abris… Mais il était flagrant qu’elle ne pourrait aucunement trouver asile chez les individus l’entourant, leur regards en disant long sur les sentiments les animant à son égard. Pourtant, elle allait forcément devoir s’arrêter de marcher tôt ou tard. Son corps lui infligeait milles douleurs renouvelées à chaque pas, son esprit saturé parvenant de plus en plus difficilement à réfléchir correctement. Sa gorge la mettait au supplice, brulant d’une soif ineffable qu’elle n’avait jamais connu auparavant. Le shinigami l’ayant envoyé dans cet univers inconnu avait pourtant dit qu’il ne s’agissait pas des enfers… Si tel était le cas, elle n’osait même pas imaginer ce que pouvaient être les abîmes infernales auxquelles étaient vouées les âmes perdues…
« Alors, petite, tu t’es perdue ? »
Derrière elle, une voix caverneuse retentit, l’interpellant immédiatement. Elle se retourna, découvrant avec effroi à quelques pas d’elle un groupe d’hommes à l’allure peu engageante, un sourire des plus malsain encré sur leurs lèvres tordues. Il ne manquait plus que ça… Préférant ne pas leur répondre, Gabrielle fit volte face, reprenant sa route en espérant de toutes ses forces qu’ils se désintéresseraient d’elle et la laisserait tranquille. Elle n’avait assurément plus assez d’énergie pour s’élancer dans un nouvelle fuite…
« Oh ! Fais pas comme si tu m’avais pas entendu ! »
Elle sentit une main puissante enserrer violemment son bras, la tirant en arrière, lui arrachant un cri de surprise.
« Alors ma mignonne… faut pas rester toute seule comme ça… Vient avec nous, on va bien s’amuser »
Les ricanements sordides que provoqua cette réflexions chez les compagnons de l’impudent à l’haleine viciée fit remonter un violent frisson de dégout et de peur le long de l’échine de la demoiselle. Une panique grondante emplit rapidement son esprit embrumé, lui hurlant l’imminence du danger que ces individus représentés pour elle.
« La… Lâchez-moi ! Je n’ai aucune envie de partager quelque se fut avec vous ! »
« Oh ? Vous avez entendu ça les mecs ? La petite chatte se révolte… »
A ces mots, il lui tordit le bras, lui faisant pousser un nouveau cri de douleur. Elle voulu se défendre, envoyant sa main libre vers son visage pour essayer de le griffer, ou de lui crever les yeux si elle le pouvait… Hélas sa tentative se solda par un échec retentissant, le brigand lui saisissant le poignet avant même qu’elle ne pu l’atteindre.
« Mais c’est qu’elle se débat en plus ! Encore mieux ! »
« Vous me dégoutez, lâchez moi immédiatement ‼ »
« Je crois que ça va pas être possible vois tu… »
Nouveaux éclats de rire, nouvelle lueur des plus inquiétantes au fond de l’œil torve de l’homme la tenant prisonnière. Fallait-il vraiment en passer par de tels tourments ? Rassemblant ses dernières forces, elle se débattit autant qu’elle le pu, appelant à l’aide sans que personne ne réponde pour autant, préférant jouer les sourdes oreilles et rentrer dans leurs pitoyables demeure. Inconcevable… seuls les rires narquois des 4 hommes s’étant rapprochés répondaient à ses appels inutiles, ne faisant qu’accroitre le désespoir dévorant ensevelissant son âme. Hier encore elle dansait sur du marbre blanc… Quelle déchéance…
(à suivre très vite)